Prévenir le Sida par l'abstinence et la fidélité
"Prévenir le Sida, ce n’est pas seulement utiliser les moyens de protection. Tant
s’en faut… C’est modifier des états d’esprit qui sont à l’origine des comportements
à risque. C’est adopter des manières de penser et d’être qui enlèvent toute chance
au virus.
Nous vivons un temps de dérégulation de la sexualité. Au nom de la libération
sexuelle, on a balayé toute règle. On vit un rêve d’expérimentation illimitée. Dans
ces conditions, avec le Sida, toute relation devient dangereuse, si non protégée.
Dans ce contexte, on retrouve l’impératif de l’abstinence, de l’ascèse, de
l’autodiscipline. Des mots où l'on redécouvre la nécessité de l’interdit. Mais l’interdit
n’est pas une oppression, mais une couverture aux valeurs de la relation. L’interdit
premier condamne le non-respect de l’autre. On s’interdit de consommer l’autre
pour se donner la possibilité d’une relation créatrice avec lui.
Une éducation à la vie et au respect de l’autre, au temps du Sida, doit apprendre à
ne pas devenir esclave de ses propres désirs. Elle devrait mettre en honneur
l’abstinence, la chasteté, mot imprononçable aujourd’hui. Pourtant l’exigence
incontournable pour que soit reconnue la personne humaine dans son être profond.
Eduquer à l’abstinence, c’est aider à découvrir que dans toute relation humaine on
est deux. Deux personnes qui ne se confondent ni ne se possèdent, mais qui
peuvent se donner mutuellement ce qui les fait vivre et grandir.
Eduquer à l’abstinence, c’est faire découvrir la maîtrise de soi et le refus de la
possession ou de la violence.
L’homme de notre temps porte en lui un appel profond à devenir moins matérialiste,
plus spirituel, plus humain. C’est une autre dimension plus vraie, plus réaliste, que
celle de la société de consommation où souvent l’homme exploite, avilit et méprise
l’homme.
Mais réduire la fidélité comme instrument au service de la prévention, n’est-ce pas
la dénaturer ? La fidélité ne peut être réduite à son utilité sanitaire. Elle est une
qualité essentielle de l’Amour, comme lui toujours inachevée.
Ce n’est pas en prônant la fidélité à des gens qui n’en peuvent mais… , qu’on les
aidera à prévenir le Sida. C’est en témoignant, par la manière d’être et de vivre ce
don réciproque dans l’Amour, que l’on participe effectivement à la lutte contre le
Sida.
Si la fidélité est efficace dans la lutte contre le Sida, … c’est par surcroît, parce
qu’elle est l’Amour lui-même."
Ouvrage consulté : Chrétiens et Sida. Avril 2000
Au temps du Sida, quelle éducation à la vie ?
Abbé Justin Rossé